Le deuil résilient, qu’est-ce que c’est?

Délicate fleur orange, le papaver californicum, aussi appelé fire poppy, ne pousse qu’après un feu de forêt. La couleur vibrante de ses pétales est le premier signe visible de la vie qui reprend sa place sur cette terre dévastée. Cette fleur est une force enfouie dans le sol de la forêt qui ne peut se montrer qu’à la suite d’un drame.

L’histoire de la forêt se poursuit et le feu en fait désormais partie. Il a modelé un nouveau paysage et a fait place à une réalité différente qui évoluera dans les mois, les années ou les décennies qui suivront. La forêt se reconstruira à sa manière, à son rythme.

Comme un incendie de forêt, le décès d’un être cher change le paysage pour toujours. L’histoire de cette forêt illustre bien la façon dont l’humain se transforme, à l’aide de ses ressources parfois insoupçonnées, au fil des épreuves qu’il vit.

Pour la grande majorité des personnes, le deuil sera une période d’oscillation entre des émotions difficiles (la terre dévastée) et d’autres, plus douces (la végétation qui réapparaît, petit à petit) : la vie ne sera plus comme avant, mais elle reprendra son cours. À chacun sa forêt, à chacun sa façon de transformer son chagrin.

Chaque être humain a cette capacité de résilience en lui!

Texte inspiré de : Lavoie, B. (2017). Créer la résilience. Consulté 15 avril 2021,
à l’adresse https://www.youtube.com/watch?v=dYkoKAqZVwY&ab_channel=TEDxTalks. 

Notez bien que les besoins des endeuillés·es peuvent être différents d’une personne à l’autre.

À vous de vérifier ceux de votre proche.

• Une écoute bienveillante et sans jugement
• Une présence rassurante
• Une grande disponibilité
• L’accomplissement de gestes quotidiens
• Une aide dans la satisfaction des besoins de bases (manger, dormir, etc.)
• Une patience constante
• Des moments de divertissement
• Un soutien permanent au-delà des premières semaines et qui évolue avec le temps

Le soutien offert ne suscite pas toujours un changement d’humeur chez la personne endeuillée. Sachez que tous vos gestes et pensées sont imprimés en elle et lui font du bien.

Maintenant que vous en connaissez plus sur le deuil résilient, vous savez que celui-ci est différent pour chaque personne et qu’il n’y a pas de passage obligé. Parler du suicide peut être tabou. Il est possible que vous soyez inconfortable et que vous ne sachiez pas quoi faire pour accompagner votre proche endeuillé·e. Voici donc quelques suggestions d’accompagnement:

• Reconnaître et accepter l’utilité des moyens privilégiés par la personne endeuillée pour se sentir bien, même si ce ne sont pas ceux que vous auriez choisis, pourvu que ceux-ci lui fassent du bien.
• Offrir une présence silencieuse peut suffire.
• Poursuivre le soutien que vous êtes en mesure d’offrir à votre proche, et ce, même si vous vivez un sentiment d’impuissance.
• Ouvrir la discussion sur les besoins de votre proche pour mieux les respecter.
• Attirer l’attention de la personne sur les gens qui lui font du bien et qui sont positifs pour elle.
• Lui nommer ses forces et lui rappeler qu’elle est importante pour les gens autour d’elle.
• Vérifier si votre proche a besoin de parler régulièrement du geste. Cela peut être utile pour certains et difficile pour d’autres.
• Faire preuve de disponibilité et de patience. La personne endeuillée peut avoir peur de déranger en sollicitant régulièrement votre aide.
• Respecter le besoin de solitude de votre proche tout en gardant votre porte ouverte.
• Prendre le temps de discuter de vos limites avec votre proche. Vous vous respecterez ainsi à travers le soutien que vous lui offrez.
• Offrir des renseignements concernant l’aide professionnelle et communautaire disponible dans sa région ou la région de votre proche pourrait l’aider dans son deuil.
• Appeler votre CPS est une façon d’accompagner votre proche. Les intervenants répondront à vos questions.
• Évoquer la mémoire de la personne décédée même après plusieurs années. Cela permet de faire vivre la personne décédée à travers des gestes significatifs.

Validez avec votre proche endeuillé·e par suicide sa vision, ses besoins et les phrases « à éviter », avant d’appliquer ces suggestions, puisque chaque personne vit son deuil à sa manière.

Quelques personnes endeuillées par suicide vous parlent de ce qui leur
a fait du bien.

« Participer à une soirée commémorative à sa mémoire. » (Fanny B.)

« Aller m’asseoir près de sa tombe et lui parler de mon quotidien. »

« J’ai continué de commenter des photos Facebook (…) un peu pour lui permettre d’exister encore. »

« Lui “parler” en pensée le soir avant de m’endormir puisque je le considérais comme mon ange gardien. »

« J’avais créé un fichier avec toutes les photos que j’aimais de lui et je les regardais chaque soir. C’était ma façon de lui prouver qu’il ne pouvait pas partir et croire qu’on allait l’oublier. »

« Un groupe de personnes où on racontait notre plus beau souvenir avec lui. »

« Se fixer des objectifs qui nous font du bien et accepter de vivre la situation. »

« Pouvoir en parler. »

« Le temps, des bons mots, le respect de mon chagrin. » (Céline F.)

« J’ai relu chaque soir pendant un bon moment le dernier texto qu’il m’a envoyé. Je lui ai même répondu après sa mort. Ça m’a fait du bien de lui écrire un message qu’il ne lira jamais, mais qui me donnait la chance de riposter, lui dire mon avis, ma peine, ma colère. » 

« Voir son fils et la musique. »

Il peut être utile de se rappeler:

• Qu’il existe différentes visions du deuil.
• Qu’il n’y a aucun passage obligé pour vivre son deuil.
• Que chaque personne est unique, donc chaque deuil est unique.
• Que la résilience est le processus qui se produit le plus souvent quand nous composons avec un deuil.

« Nous pouvons être secoués, même blessés par une perte tout en étant capables de retrouver notre équilibre et d’aller de l’avant. (…) Il reste toujours un peu de tristesse mélancolique, même chez les personnes les plus résilientes. Cependant, cela ne nous empêche pas de continuer de vivre notre vie et d’aimer les personnes qui nous entourent.¹ »

¹Bonnano, G.A. (2011). De l’autre côté de la tristesse. Éditions Le Dauphin Blanc, Québec, p.17.

Pour obtenir de l’aide supplémentaire, joignez le CPS de votre région. Tous les CPS du Québec ont une ligne téléphonique locale d’intervention. Plusieurs d’entre eux sont aussi mandataires de la ligne provinciale d’intervention en prévention du suicide accessible 24/7, au 1 866 APPELLE. Pour joindre directement le centre de prévention du suicide de votre région ou pour prendre connaissance des services qu’il offre à sa communauté, consulter le www.rcpsq.org/bottin.